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mardi 16 juillet 2019

Quand Aïe peut devenir huuuuuuuuuuum

     A mon nouveau boulot, le corps est au centre de tout .J'avais cru avoir déjà fait pas mal le tour de la question en fréquentant les hôpitaux dans mes précédents boulots. Je pensais que ceux qui avaient mal ou qui tombaient malade, ce n'était pas de bol pour eux. La loi du destin et toussa... Qu'on pouvait apaiser en étant une soignante empathique.
 Je ne dis pas qu'ils font exprès , je ne dis pas que c'est facile, mais je constate au quotidien que notre cerveau a un pouvoir énorme sur notre corps. Les gens dont je m'occupe sont en lutte sur le corps. La plupart ont déclenché une maladie suite à une syndrome post traumatisme ( agression physique de leur corps) , un stress de vie comme un burn out, un décès d'un proche... je pensais pas voir de si près ce qu'on lit dans la littérature. c'est même fou ce boulot. J'ai des dizaines de personne qui vont mal , qui ont mal , qui bloquent que sur ça. Ils sont devenus des corps souffrants à leurs corps défendant.
Ils me pompent une énergie de dingue ( je suis seule sur ce versant somatique). Au début que j'ai commencé là bas , j'ai eu des symptômes physiques ( vomissements , insomnie...) et même encore maintenant je crois qu'ils me refilent trop de truc sur le dos. Le concentré est trop important.
J'ai mis en place des ateliers pour leur faire vivre d'autres choses avec leurs corps ( détail important , ils sont relativement jeunes . La moyenne se situe à la trentaine) : marche , sophrologie, relaxation. Ils ne connaissent même pas la respiration abdominale pour la plupart .
J'ai parfois envie de leur dire qu'ils ont le droit de se caresser le corps, de jouer avec ses contours, de jouir et s'amuser avec lui.
La très grosse majorité n'a pas une maladie douloureuse mais a traversé, par le passé, la douleur. Ils n'arrivent plus à l'effacer de leur mémoire corporelle.
Je ne sais plus par quel bout les prendre. Les porter est lourd et je me disais que c'était dommage d'être si à côté de son corps.
Autre chose ""marrante""", ils sont hyper réceptifs aux séances de relaxation. Je les vois s'enfoncer dans un état second très rapidement .

Quand un couple a besoin de se retrouver , on "prescrit" souvent le Sensate Focus ( faut que j'en parle une fois ici) . C'est à se demander si je ne devrais pas mettre en place des exercices de reconnexion à soi , faire des exercices à la maison sur son corps , dans son intimité, pour redevenir pote avec la chose EXTRAORDINAIRE qui est notre corps.










4 commentaires:

  1. Faire des exercices sur son corps... pour mieux se comprendre et s'apprécier :)

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    1. Je me demande quel verrou faire sauter pour les faire aller vers ce chemin... je vais attendre l'arrivée de la psy :) vaut mieux je crois :p mais parfois ça me grrrrrrrrrrr

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  2. Je pleurniche en lisant ton post, c'est te dire à quel point ça me parle. Mon coeur s'emballe, mains moites, sûrement une poussée de tension et la bile est en marche. La mémoire de la douleur physique est inscrite en moi,c'est ainsi. Je ne crois ni en dieu, ni au destin mais j'ai appris à croire en moi, à comprendre ce qui s'est passé dans mon corps et à comprendre ce qui s'y passe aujourd'hui grâce au psychiatre en psychosomatique qui m'a expliqué les choses d'une façon très cartésienne (seulement 4 séances ). A partir de ce moment-là, j'ai pu apprendre à mieux gérer la douleur physique et à m'écouter, à m'adapter à un nouveau quotidien pour mon bien être, à ne plus dépasser les limites de mon corps (parfois, c'est supra frustrant).Faire le lien entre esprit et corps est pour moi vital à présent. On devrait nous l'apprendre bien plus tôt dans une société qui nous bouffe facilement.
    Tu fais un travail hyper important !! :)
    Un truc qui me fait beaucoup de bien aussi : les massages et l'eau (sans nager, juste profiter et se laisser porter )
    😘

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  3. " de façon très cartésienne" : tu as tout dit. Il n'y a rien de mystique c'est vrai ou de fataliste.
    Merci beaucoup beaucoup pour ton retour personnel .
    C'est un sujet assez complexe et parfois ça m'enchante de me dire que les années à venir vont être très riche des avancées sur ce terrain et tout le monde a à y gagner.
    Tu sais je ne suis pas psy et je n'ai pas de formation sur ce sujet . Mais ce boulot m'a donné l'envie de creuser. La médecine a aussi son chemin à faire là dessus. Quand je parle avec mes collègues ( pas de milieu soignant mais de milieu pédagogique) , elle me regardent comme si je disais des grosses conneries alors je doute parfois de la route que je prend . La psy arrive en septembre et je la connais, on va pouvoir faire des chouettes trucs ensemble.
    ;)

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