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samedi 29 août 2020

Le reflet de l'âme, mon cul oui!


Cette semaine, j'ai revu une patiente ,et pour la première fois masquée . Elle qui ne  regarde jamais dans les yeux . Son regard a glissé, comme sur une savonnette , sur ce morceau de tissu et est venu s'échouer dans mes yeux. Je l'ai senti à nu. 

Ce jeune homme de 19 ans devient très statique avec son masque . Ses yeux ne bougent pas , n'expriment rien, ne clignent pas. Plusieurs fois, j'ai décroché de ce qu'il me disait car prise de vertige devant cette expression de cire. 

Moi qui suis marquée de pattes d'oies au coin des yeux depuis mon adolescences, me voilà obligée de les exposer encore plus. 

Je perds énormément d'informations dans mes entretiens. Me donnant l'impression de perdre de l'humanité chez l'autre . Les choses ont du mal à être dites entièrement et quand l'une craque comme ça m'est arrivée jeudi , je redécouvre avec plaisir un visage en entier, une vraie expression quand je la découvre enlever son masque et essuyer ses larmes qui noient son visage. 

Je ne suis plus si sûre que les yeux soient le reflet de l'âme. Une partie oui, un lien , un ancrage dans l'histoire muette d'une rencontre mais la bouche a besoin de s'exprimer aussi, de souffler des mots rassurants ou des colères, le nez de renifler l'autre, le danger ou la sécurité....

Je me sens cachée derrière ce masque. Un peu trop. C'est la rencontre , le toucher, l'odeur, le son qu'on perçoit qui fait l'humain, pas seulement le regard. Cette campagne d'Amnesty était pour démontrer le lien qui se créait au bout de 4 min par le regard. Mais ne nous limitons pas qu'au regard et c'est un peu ce qui m'arrive dans mon boulot en ce moment. 


13 commentaires:

  1. Les expressions du regard, c’est un peu comme l’écume sur une vague, elles ne durent qu’un instant et elles apparaissent en cas "d’agitation", si on ressent une émotion particulière. Le reste du temps, c’est assez neutre je trouve.
    Un reflet, ce n’est pas une fenêtre après tout. :-)

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    1. Je me rend compte que je ne décèle pas forcément le regard triste ou le regard joyeux.
      Avant l'histoire des masques , je t'aurais dis que je savais très bien lire dans les yeux .
      Je peux aller me rhabiller :))

      Je ressens beaucoup moins les émotions avec les masques.

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    2. Oui... moi je ne sais pas. Je ne sais pas si je prends les expressions d’autrui comme une vérité émotionnelle surtout, de "ce qui est".

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    3. Comment percevoir la vérité émotionnelle alors ?
      En instinct ? Presque imperceptible ?

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    4. Je ne sais pas.

      Peut-être faut-il en avoir réellement envie ? Alors plus que l'instinct, la volonté ?
      Est-ce utile de percevoir cette vérité chez n'importe qui...

      Ce n’est pas pareil avec les proches. Avec une amie d’enfance, si je lance un "ça va ?" et qu’elle ne va pas bien -même si deux secondes avant elle souriait à pleines dents- elle se met à chialer. La vérité, tu la connais, elle est simple à faire apparaître sous une forme ou sous une autre. Elle vient d’elle-même parce que l'autre se sent en sécurité avec toi. La personne ne prend aucun risque à être à ciel ouvert, elle le sait, tu lui as prouvé, elle t’a laissé lui prouver au fil du temps. La vérité, tu ne l’as jamais que dans un rapport de confiance et quand on ressent ton humanité.
      Je crois de plus en plus qu'on a tendance à confondre l'intimité et la confiance. On partage tellement notre intimité sans réelle confiance. On peut avoir confiance sans réelle intimité au préalable.
      Quand l'intimité se lie à la confiance ? Tu ne peux pas ne pas savoir.

      Dans un cadre pro, toi, c'est différent... et puis c'est directement lié à l'intime de base. La douleur, c'est l'intime. Socialement, la douleur, c'est aussi un tabou. J'imagine que, d'un côté, ils ont besoin d'avoir confiance en toi puisque tu représentes une forme d'autorité/de savoir, tu es là pour eux, pour les aider, et, d'un autre côté, il y a ce tabou. C'est là que les compétences humaines, le choix des mots, doivent modifier beaucoup de choses.

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    5. je t'adore pour ça.
      tu n'imagines pas à quel point je jubile parfois en te lisant. tu es une attaquante hors pairs des commentaires et tu tires juste. c'est même assez flippant.
      si ça continue , je te met sur le banc de touche au prochain coup ^^ .

      dans mon boulot actuel, j'accueille des gens qui ont eu un gros parcours hospitalier et ils arrivent souvent à saturation. Faut donc que je me la joue en douceur avec eux et la confiance n'est pas gagnée. ( et puis les gens ont une image vraiment " space" des infirmières. pour eux , elle est souvent acariatre et moralisatrice. tout moi quoi ^^)

      sinon dans la vie privée... ben j'ai un peu honte mais ça rejoint ce que je disais l'autre fois. je cloisonne tellement que presque personne n'a accès à ma confiance et mon intimité. je ne sais pas faire. y a des petits moments comme ça, de laisser aller, d'ouverture des frontières mais c'est difficile. pourtant quand ça arrive c'est super bon donc je retente le coup et j'avance pas à pas.
      mais ça va hein! justement je me demande si c'est pas mieux de faire comme je fais. j'sais pas ^^ .
      c'est peut être pour ça que j'aime le charnel. ça me semble plus simple.

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    6. Et moi qui préfère qu’on m’adore pour mon cul.
      Un jour, j’y arriverai. :-)

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    7. Je crois et je suis même sûre de ne l'avoir jamais vue.
      Un jour, j'y arriverai :)

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    8. Comme Dita j'aime lire tes commentaires chère sorcière.Ton cul n'est pas mal non plus.

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    9. Vous, je ne sais pas qui vous êtes. Je vous interdis de parler mon cul.
      Grossier personnage.
      Je doute que nous ayons élevé des cochonnes ensemble.

      Sinon… j’aime bien vous voir aimer me lire. :-)

      Mais vous êtes tout de même grossier.

      @Dita
      Qui sait.
      Parfois je m'étonne tellement que ça ne m'étonnerait pas.
      Et puis on me surprend aussi. :-)


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  2. J'avais un peu de mal à soutenir certains regards. Là, bien obligée. Au final, ça m'aura aidé à surpasser ça, ce petit bout de tissu :)

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    1. C'est vrai qu'on est " obligé" de faire du regard-regard ...
      Comme toi j'avais l'impression de ne pas soutenir les regards .
      Et aujourd'hui le fait d'être limité aux yeux, me limite dans ce que je ressens de l'autre et je suis la première surprise!

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